Le Blog

Le blog des amateurs d'Art...

Les "Précis" du lundi.
Chaque lundi, un "Précis" sur l'Art, peinture, dessin aquarelle, gravure, est publié sur ce "Blog". Il est également disponible sur "Facebook" dans le groupe : "Hugues Lobjet artiste peintre".
Le but de ces "Précis" est de vous aider à apprécier l'Art en en comprenant les différentes techniques utilisées qui leur donnent leur beauté et leurs mystères.

par Pascal Molines 29 octobre 2020
Historique de la « Tempera à l’oeuf » : Le mot latin « tempera » signifie mélanger ou combiner. Tempérer signifie « mettre une poudre en pâte à l’aide d’un liquide liant pour en faire une peinture », mais également « faculté de régler, de mettre au point en prenant le juste milieu ». En l’occurence, ici le liant est l’oeuf, permettant alors de lier l’eau et l’huile. C’est la peinture à l’eau la plus ancienne connue (hormis dans la préhistoire), elle était utilisée par les égyptiens, les byzantins ainsi qu’à l’époque médiévale, puis elle a cédé sa place petit-à-petit au XVe siècle lors de la découverte de la peinture à l’huile (Voir précédent précis). Elle s’utilisait pour peindre essentiellement sur bois. L’une des premières peintures à l'huile sur toile est une œuvre française, la Madone avec les anges réalisée vers 1410 (voir Exemple 1) et conservée au musée Gemäldegalerie à Berlin. Toutefois, la peinture sur panneau de bois a perduré jusqu'au XVI e siècle en Italie et au XVII e siècle en Europe du Nord. Cette technique est facilement visible dans nos églises et plus particulièrement dans les églises romanes. En effet, la « Tempera à l’œuf » permet de peintre sur le plâtre qui servait d’enduit à la pierre. C’est la technique traditionnelle des icônes, mais aussi sur du plâtre ou sur des panneaux de bois recouverts d’un enduit (craie/colle de peau). Il faut juste que la surface soit assez absorbante. Cependant, en séchant les couleurs se matifient et ternissent un peu, mais l’application du vernis va leur redonner tout leur éclat (icônes). Les enlumineurs autrefois utilisaient la pierre d’agate pour brunir les tempéras, outil généralement utilisé par les doreurs (Voir Exemple 2). Cette technique est tellement « solide » que les œuvres médiévales réalisées à la « Tempera à l’œuf » sont aujourd’hui les mieux conservées de notre patrimoine. Elle est dite solide, car une fois sèche elle ne se dissout ni à l’eau, ni à la térébenthine, ni à l’alcool. Par contre elle sèche très vite ce qui complique la réalisation des fondus et des dégradés par exemple ( lire les précis précédents ). Mais l’œuf la rend très sensible à l’humidité et aux moisissures. Et contrairement à l’aquarelle ou à la gouache, il est possible de superposer les couches. Le rendu final est assez exceptionnel (velouté, « poudreux ») et unique. C’est idéal aujourd’hui, pour donner un style ancien aux œuvres. On peut maintenant trouver dans le commerce des couleurs préparées « avec cette méthode », à partir de pigments naturels. Cette technique est et fût très souvent utilisée comme ébauche sur laquelle on peint à l’huile par la suite. Elle constituait alors ce que l’on appelle les couches « maigres » dont nous avons déjà parlé. Parfois on la nommait « glacis » bien qu’elle n’ai rien à voir avec le vrai « Glacis » (voir post précédent). La recette… (enfin !) Elle est donc composée de pigments naturels et principalement du jaune d’œuf (même s’il peut y avoir parfois l’œuf entier). Comme indiqué plus haut, les recettes sont innombrables. Selon Nicolas Wacker (peintre français d'origine russe - 1897-1987), la proportion pigment/œuf est de 1 :1, qu’il faut allonger avec de l’eau pour avoir la consistance souhaitée. Voici sa recette pour peindre avec l’œuf entier : « Cassez l’œuf dans une assiette sans briser le jaune et sans le mélanger au blanc. Avec une brosse, retirer le germe qui adhère au jaune, et aussi la peau qui l’enveloppe. Mettre ensuite l’œuf dans un flacon et secouer énergiquement. L’ajouter en peignant au pigment. Allonger à l’eau ». Selon lui, ajouter du vinaigre comme on le voit souvent dans les recettes, est complètement inutile car l’acide est néfaste sur certain pigment. Vous voyez que c’est une « sacrée cuisine » comme je le vous le disais plus haut…! Il existe beaucoup d’autres recettes, anciennes ou plus récentes que je ne vais détailler ici…(voir internet). Une des membres de notre groupe : Delphine, est en train de réaliser une copie de Piero di Cosimo (Exemple 3) utilisant cette technique, bravo ! Pour terminer, je vous invite à contempler la petite galerie jointe (Exemples 4, 5, 6 et 7) peinture anonymes dans des églises romanes réalisées à la « Tempera à l’œuf », bonne « dégustation ». Comme toujours, n’hésitez pas à commenter, poser des questions et à m’encourager (bien-sûr !). Artistiquement vôtre.
par Pascal Molines 2 juillet 2020
Un précis (très court) sur une technique de peinture qui est la Base de la peinture "classique". "Le gras sur maigre". C'est une technique qui consiste à commencer à peintre les fonds et sous-couches avec de la peinture très délayée avec de l'essence térébenthine pour l'huile et de l'eau pour les autres techniques (je n'inclus pas l'aquarelle) ce qui sera donc le "maigre" et de "monter" progressivement en viscosité à mesure que l'on précise le sujet. L'artiste arrive à utiliser progressivement la peinture presque "sortie du tube" (avec certes des mélanges possibles...). Les lumières finales, comme l'humidité d'un œil ou d'une lèvre, la brillance d'un fruit par exemple, sont souvent du blanc pur sorti directement du tube, donc très "gras"... D'où : "Gras sur maigre" ! Je joins deux modestes exemples de Hugues Lobjet, qui sont des détails où l'on peut voir les couches "maigres" sur les tiges, entre autre, et les lumières blanches sur les "graines", qui elles sont du blanc pur sans eau. Il est à noter que le "Gras" peut aussi être utilisé dans les ombres pour renforcer celle-ci. N'hésitez pas à me poser des questions si vous désirez en savoir plus... Artistiquement votre !
par Pascal Molines 20 juin 2020
Aujourd’hui, je vous propose un éclairage sur une technique un peu « magique ». Cependant, ce précis est un peu plus « technique »… Mais, vous allez voir qu’il est cependant tout à fait accessible et permet, j’espère, de mieux comprendre et apprécier certaines peintures…! Le Glacis (ou les Glacis). Préambule : ce précis évoque cette technique appliquée au départ à la peinture à l’huile, mais elle peut aujourd’hui s’appliquer à la peinture acrylique. Les additifs « Médiums » disponibles sont équivalents. Elle est également utilisée par les « Bombeurs » (mais oui !) en variant la distance entre la bombe et le support…! Les glacis, c’est quoi ? Par définition, un glacis est une couche de peinture « transparente » (nous verrons plus loin) que l’on superpose à une autre déjà sèche. Elle est donc très différentes de la technique de dégradé « classique ». Son but est de ne pas recouvrir un fond, mais uniquement d’en changer la teinte. Ce doit être une pâte légère composée de couleurs transparentes, (laque carminée, garance, bleu de Prusse, vert émeraude, jaune indien, blanc de zinc,…). Autant de couches peuvent être appliquées que nécessaire, ce qui veut dire que la superposition de couches peut donc être illimitée, les effets n’en seront que meilleurs. (Voir image principale du post). C’est une technique dite de finition. Pour comprendre un peu mieux, une pincée de « physique » : la lumière se réfléchit à travers toutes les couches picturales superposées. C’est cette lumière réfléchie que notre oeil perçoit (Exemple 2 – Illustration prélevée de « Manière de Peindre » par J-P Brazs.) Par phénomène optique, c’est le parcours de la lumière qui importe ici, les rayons lumineux traversent ces multiples couches de couleurs, se réfléchissent sur le support blanc et parviennent à nos yeux créant une impression de profondeur. Comme si la lumière provenait du dessous de l’oeuvre elle-même. D’où l’importance de la préparation du fond. Les couleurs ainsi superposées en transparence deviennent beaucoup plus intenses, lumineuses et cette sensation de profondeur est bel et bien réelle. L’on compare souvent ce phénomène à celui des verres colorés. Pour que ce phénomène soit réussi , la transparence seule ne suffit pas. Jamais une aquarelle, qui pourtant est par nature transparente, ne provoquera cette sensation d’intensité et de profondeur. Il faut pour cela que la pâte picturale soit suffisamment onctueuse pour créer une épaisseur sans perdre en fluidité, la peinture à l’huile ou acrylique est parfaite pour cela lorsqu’elle est composée de liant résineux et d’huile ou eau claire. Dans l’Exemple 3 (détail de peinture acrylique sur carton (Hugues Lobjet 2017)), on voit sur les « feuilles » (suivre flèches) que les glacis pour les ombres et les lumières sont appliqués sur les fonds qui au départ ne comportent aucun dégradé. Le volume est donc créé uniquement par l’application de glacis successifs du plus « léger » au plus « intense ». C’est à dire, de couches comportant beaucoup de médium (liant + liquide) et peu de pigment, jusqu’à des couches de plus en plus opaques ( plus grasses et pigmentées). Il faut attendre le temps de séchage entre cheque couche, ce qui demande beaucoup de patience… Vous l’aurez compris, c’est une technique « délicate » ! L’Exemple 4 (« Busto de mujer con velo », anonyme, huile sur toile 47 x 36 cm, env. 1550-1570) est une parfaite illustration de l’utilisation des glacis pour réaliser toutes les transparences du voile… C’est aussi un merveilleux résumé des précédents précis sur « Le gras sur maigre », « Le retour de Lumière » et « Le fondu au noir » ! Un peu d’histoire… Les grands Maîtres de la peinture à l’huile sont ceux qui sont parvenus à comprendre et à maîtriser ce phénomène physique au sein de leurs tableaux, aussi bien par le jeu interne des lumières que par celui de l’aspect. Car l’autre atout des glacis, est cette onctuosité faite de matière grasse, permettant d’obtenir un modelé très doux, lisse, sans traces de pinceaux, d’où l’idée du glaçage… Il est convenu d’attribuer la paternité de ce procédé à Jan van Eyck au début du XVe siècle, proposant alors une recette de peinture grasse, résistante à l’eau et aux effets visuels inédits. Il aurait été le premier à appliquer des glacis à l’huile sur des dessous à la détrempe (peinture dilluable à l’eau), ouvrant alors par la suite la voie vers le « tout à l’huile ». En conclusion. Les glacis sont l’essence même de la peinture à l’huile et acrylique, sans eux, la peinture est fade et semble inachevée. Ils peuvent se superposer à une peinture acrylique ou une peinture à l’huile, peu importe du moment que la surface est sèche. A savoir que pour optimiser au mieux le phénomène de profondeur, c’est le tableau entier (dans l’idéal) qui doit être réalisé en glacis, ainsi la lumière pénètre jusqu’au coeur pour facilement réfléchir sur le fond du support. J’espère que ce précis n’est pas trop rébarbatif ? Mais comme d’habitude, vos questions seront les biens venus ! Rendez-vous lundi prochain pour un nouveau précis. Artistiquement vôtre.
Le fondu au noir en peinture
par Hugues Lobjet 7 juin 2020
Le dit « Fondu au noir » n’apparaît réellement que partir du XIV ème siècle, bien que certains peintres du XIII ème firent quelques tentatives. Jusque là, les sujets étaient « posés » sur des fonds sans faire tout à fait partie de ceux-ci.
le retour de lumière et fondu au noir en peinture
par Hugues Lobjet 1 juin 2020
Au Moyen Âge, les peintres utilisaient peu ou pas le modelé, le traité est assez proche, c’est « amusant » de la bande dessinée, fait le plus souvent d’aplats de couleur avec parfois des lumières et des ombres peu mélangées et rarement dégradées entre elles...>
l'ombre et la lumière, la complémentarité.
par Hugues Lobjet 25 mai 2020
La lumière, bien qu’élément immatériel, trouve légitimement sa place dans la réalisation de toute création plastique car elle est indispensable au « réalisme rationnel » et à la transmission de l’émotion… >
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